(n°1290)
Coup De Coeur
Le premier Coup De Coeur de l’année est pour la délicate chanson B.-Loved qui, en plus d’être parfaite pour lancer la BO du film Pour L’amour de Sylvie, est bonifiée par la douce et tendre voix de Cécile McLorin Salvant.
Cécile McLorin Salvant, les amateurs de Jazz moderne connaissent évidemment ce nom. Née à Miami et âgée de 31 ans, la chanteuse franco-américaine a d’abord fait ses classes au conservatoire de musique d’Aix-en-Provence entre 2007 et le début de la décennie suivante, sous les tutelles de Jean-François Bonnel et de Laure Florentin. Après avoir commencé sa carrière dans la foulée d’un premier prix au concours international de Jazz vocal Thelonious Monk (2010), elle a confirmé par une progression impressionnante de régularité puisque ses 3 derniers albums For One To Love, Dreams And Daggers et The Window ont été récompensés de 3 Grammys dans la catégorie phare du Meilleur album de Jazz vocal (2016, 2018, 2019). B.-Loved marquait la seconde fois où Cécile McLorin Salvant posait sa voix sur une musique originale d’un long-métrage (après le titre Laugh, Clown, Laugh de la BO de Bessie) mais le premier exercice d’écriture de paroles en vue d’une intrigue, et force est de constater qu’elle a bien saisi cet essence du film autour de la résilience de l’amour. De plus, à entendre ces lyrics mélancoliques, on pourrait même situer la chanson entre le moment où Robert et Sylvie sont séparés par la vie et celui où ils se retrouvent.
Mais B.-Loved c’est aussi une musique-thème dont la mélodie est reprise ou modulée dans le reste de la BO. Elle inaugure le concept romantique privilégié pour la bande-son à savoir des arrangements lyriques aux cordes et aux bois et une teinte jazzy principalement dans l’harmonie ou le jeu du pianiste ; en vrai c’est un Jazz symphonique qui fait le lien entre Robert, sa carrière prometteuse dans le Jazz et son idylle persistante avec Sylvie. Son accompagnement musical de grande facture est signé Fabrice Lecomte, plus connu pour l’écriture de compositions Classiques dites de concert et ses activités d’enseignement à l’Accademia di Alto Perfezionamento Musicale (Saluzzo, Italie). Sa collaboration artistique avec Cécile McLorin Salvant s’avère assez savoureuse car ils ont partagé cette même délicatesse dans l’écriture des paroles, leurs interprétations et les arrangements ; une complicité artistique qui a fait dire au compositeur dans une entrevue : « C’était un grand plaisir que de travailler avec elle ». Pourvu donc qu’ils se remettent ensemble.
Didier Bianay