(n°1272)
Première Écoute
The Prom sortira demain sur Netflix et sa BO est disponible depuis la semaine dernière. L’occasion pour ceux qui ne connaissaient les chansons originelles de la pièce de les découvrir avec un big son hollywoodien et de se dire finalement que les talents du compositeur Matthew Sklar et du parolier Chad Beguelin le méritaient.
Technique musicale académique
Il n’y a que 2 chansons inédites pour cette réadaptation de la pièce éponyme à savoir Wear Your Crown et Simply Love, pour le reste c’est kif-kif à un gros détail près : la réorchestration. Et elle est massive. L’ajout d’une énorme formation symphonique donne du coffre et une ampleur cinématographique aux idées originelles. Avec plus de moyens, Matthew Sklar a arrangé et non dérangé son travail que ce soit en conservant les styles Pop, Jazz, Swing, Électro etc. des titres originaux, ou en soutenant davantage les propos des personnages ou encore en amplifiant l’entrain d’une bande-son engageante de nature. Le remake est donc davantage pétillant, percutant et incisif, cuivres et timbales et autres cymbales étant particulièrement à la fête. Les quelques compositions plus mélancoliques tels We Look To You, Dance With You, Unruly Heart sont aussi bonifiées d’arrangements magistraux avec cordes et bois les rendant beaucoup plus touchantes. Sur l’ensemble, Sklar a aussi profité d’une instrumentation plus conséquente pour enrichir sensiblement les harmonies afin d’embellir, de développer ses entêtantes mélodies, tout en gardant ces innombrables changements de tonalité qui relancent les morceaux et confirment son exceptionnelle habilité en matière d’écriture musicale.
Expression écrite
Netflix nous a habitué à des programmes aux messages forts et progressistes, cette pièce à succès était alors toute trouvée, car The Prom n’est pas qu’un festin musical c’est aussi un festin verbal où tous les lyrics de Chad Beguelin sont assez riches en références sociales, culturelles voire politiques. Le titre du premier morceau, Changing Lives, est évocateur et il est évident que les concepteurs de la pièce voulaient contribuer à faire évoluer les mentalités à travers l’acceptation de soi (Acceptance Song, Unruly Heart) ou en encore l’acceptation des autres. On y entend beaucoup de fierté, de détermination à surmonter l’intolérance, peu de tristesse ou de résignation bien qu’Alyssa et Emma soient chagrinées par le fait qu’elles ne peuvent afficher leur préférence sexuelle au bal de promo. Les principaux traits de caractère des stars qui les soutiennent transparaissent avec humour tels l’égocentrisme de Dee-Dee (It’s Not About Me), le cynisme de Trent (Love Thy Neighbor), la décontraction d’Angie (Zazz), la bonne volonté de Barry (Changing Lives, Barry Is Going To Prom, Tonight Belongs To You) tout comme leurs changements d’état d’esprit, ainsi par exemple les paroles de Lady’s Improving et Tonight Belongs To You paraissent beaucoup plus altruistes et sincères que celles d’It’s Not About Me et de Changing Lives malgré un message identique.
La BO de The Prom est donc un travail assez complet, une copie copieuse tant musicalement qu’en matière d’écriture, pourtant elle n’est pas pompeuse car va de pair avec son objectif de donner du courage, de la force, d’inspirer en plus d’amuser et d’être divertissante pour tous.
Didier Bianay