2 BO recommandées

(n°906)

Bandes Originales Recommandées

  

The City and the City – Dominik Scherrer

Dur, dur de faire la bande-son d’un concept labellisé « infilmable ». Car l’adaptation du roman éponyme fait le distinguo entre 2 villes postmodernes complètement différentes mais imbriquées l’une dans l’autre, avec au centre de l’intrigue un mystérieux meurtre. Dès les 2 premières pistes le compositeur donne les indices de son approche générale faisant succéder au son électro dirty d’Ul Qoma une valse moderne aussi guindée que nostalgique pour Besźel. C’est ensuite que la voix mystique de Charlotte Hug suggère l’influence d’une 3ème ville, disparue depuis. Même si l’ensemble est plutôt dominé par le style d’Ul Qoma, par lequel Scherrer expose une grande quantité de textures sonores et des harmonies étranges, les références à Beszel et Orciny subsistent respectivement par un piano ou une guitare abimés et des chœurs célestes ; une nécessité, l’enquête chevauchant 2 villes issues d’Orciny. Pour sa 4ème collaboration avec Tom Shankland, Scherrer nous offre ainsi 41 minutes d’une ambiance sombre et bizarre, très marquée, dans le droit fil de celle que China Miéville avait dépeint dans sa « weird fiction » éditée en 2009.

Secret Of The Nile – Amin Bouhafa

Il aura fallu attendre 2 ans pour que la BO de Secret Of The Nile (Grand Hotel) sorte et pourtant elle valait le coup ! Pour cette production Netflix où un homme intègre le personnel d’un hôtel de luxe à la suite de la disparition de sa sœur qui y travaillait, c’est le talent d’Amin Bouhafa qui a été sollicité. Bien que d’origine tunisienne et sur une intrigue fixée en Égypte, le compositeur n’a pas versé dans la musique orientale, qu’il maîtrise déjà sacrément. Non la bande-son est plutôt occidentale et accaparée par les cordes quant un piano, une harpe, un accordéon et une flûte apportent deci delà un peu de brillance ou de fragilité. Après un départ au lyrisme fiévreux on atteint assez rapidement le mystère sans toutefois quitter cette teinte sombre, élégante et romantique qui est le socle d’une BO plutôt lente. Avec cette partition impeccable le jeune Bouhafa prouve encore une énorme technique d’écriture ; déjà césarisé, on ne peut plus dire que ses aptitudes sont un secret, il vit déjà à l’heure de la confirmation.

Didier Bianay

bianaydidier.com

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