(n°655)
BO recommandées
Kubo et L’armure Magique – Dario Marianelli
Dario Marianelli a boku bossé, c’est le sentiment que l’on a après l’écoute de cette juteuse bande-son, mais toutefois demeure en tête des thèmes facilement mémorisables. D’une grande modulation sonore, la partition de Marianelli passe de moments très posés à des fulgurances turbulentes, intenses et puissantes. En plus de suivre une orchestration avec beaucoup de relief, l’imposant orchestre en action laisse place au Shamisen (guitare japonaise), un des éléments centraux du film, accompagnée occasionnellement d’un jeu de percussions et de gammes musicales partageant les mêmes origines. Et c’est l’intégration intelligente de ces éléments exotiques qui évitent au natif de Pise de pencher vers la caricature, quant ses quelques séquences lyriques finissent de donner de la noblesse à une BO déjà dynamique, séduisante et dépaysante.
Cézanne Et Moi – Éric Neveux
On aurait voulu que ça dure plus longtemps, mais les 32 minutes que nous proposent Éric Neveux sont si agréables… D’entrée le compositeur impose un joli thème qu’il va sublimement décliné dans un style symphonique assez contemporain bien que l’intrigue de ce biopic sur Paul Cézanne se déroule au 19ème siècle ; un souhait de la réalisatrice Danièle Thompson voulant une musique moins fidèle à l’époque qu’aux sentiments. Éric Neveux a alors pensé à la légèreté, à l’intimité des flûtes et s’est surtout entouré d’instruments à cordes (violons, violoncelles, piano, guitare etc.) très pratiques pour transmettre musicalement une bonne palette d’émotions. Cependant cette dernière, allant de la mélancolie intimiste ou expressive à la jovialité, ne verse jamais dans la noirceur en y préférant un regard positif, même lorsque l’amitié des 2 hommes est mise à mal. Une réussite.
Sully – Christian Jacob et Tierney Sutton
Pourquoi une BO si calme pour un film catastrophe avec tant de rebondissements ? Et là je ne parle pas seulement de l’amerrissage forcé du vol 1549 sur l’Hudson mais de tous les événements qui ont suivis et qui sont relatés dans le film. À vrai dire le réalisateur Clint Eastwood a préféré dépeindre les sentiments intérieurs des protagonistes en commençant par composer le thème très noble de Chesley Sullenberger, un des 4 thèmes présents dans la BO, avant de donner cette direction artistique inattendue au Tierney Sutton Band dont il est lui-même l’un des plus grand fans. Orientée Jazz et appuyée d’un orchestre symphonique, la bande-son mélange déclinaisons de thèmes et improvisations sans affolement et toujours avec émotivité, grâce à la voix enveloppante de Tierney Sutton et à un piano exprimant autant le calme que les doutes d’un héros moderne dans une spirale juridique indécente.
Rappel
Abulele – Frank Ilfman (Frank Ilfman, le compositeur né)
Cette année il s’est encore signalé avec la partition pour le film jeunesse Abulele, dotée d’un style symphonique et bien traditionnel, car elle garde de bout en bout cette teinte 90’s que ce soit dans les passages sautillants, sombres ou haletants ; loin d’être fâcheuse cette généreuse BO comme celles d’antan arrive à sans cesse capter l’attention et témoigne d’un effort et d’un pouvoir créatifs impressionnants chez le désormais israélo-germano-américain.
Uncharted 4 – Henry Jackman (Henry Jackman sur « Kong: Skull Island »)
Tantôt haletante, tantôt mystérieuse, tantôt tribale, pour ce jeu d’aventure la partition du britannique ne se départ jamais de son style sombre et peu rassurant. Jackman y fait du Jackman en ressortant à l’occasion ces bruits de tuyau qu’il avait utilisé pour Captain Phillips, mais surtout en ces phases nerveuses, agitées et si musclées qui le caractérisent tant et donnent un aspect entrainant et musical à la bande-son. Habitué à ajouter de l’impact aux films d’aventure il n’a donc pas été dépaysé par Uncharted 4 et ça se perçoit tout au long de ces 70 minutes de musique qui, ma foi, donne bien envie de plonger dans les dernières aventures de Nathan Drake.
Didier Bianay
bianaydidier.com