Oscars 2021 : Les vainqueurs

(n°1330)

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Jon Batiste (à gauche), Trent Reznor (au mileu) et Atticus Ross

Trent ReznorAtticus Ross et Jon Batiste au firmament

Tel la Faucheuse, le trio de la BO de Soul semblait inévitable, inexorable et il était donc quasi certain que ni Terence Blanchard (Da 5 Bloods), ni Emile Mosseri (Minari), ni James Newton Howard (La Mission) ne verraient la lumière au bout du tunnel. Car le score du dernier Pixar a moissonné avidement ces derniers mois avec notamment un Golden Globe, un Annie Award, un BAFTA Award, étant presque systématiquement victorieux à chaque fois qu’il a été invoqué (44 nominations, 36 prix…) et ne laissant que des miettes en chemin à l’autre BO du tandem Trent Reznor/Atticus Ross, celle de Mank, elle aussi en compétition hier soir. D’un côté une inspiration limpide entre Jazz, Soul et Électro, de l’autre un clin d’oeil perturbé à la musique des années 30 et à Bernard Herrmann, les 2 partitions du duo étaient aussi différente sur la forme, sur le fond que sur l’élaboration, Reznor et Ross ayant confié à goldderby.com une grande distinction entre la réflexion musicale très participative de Pixar et celle plus intimiste et complice avec leur ami David Fincher en compagnie de qui ils ont travaillé sur The Social Network (oscar de la meilleure BO en 2011), Gone Girl ou encore The Girl with the Dragon Tattoo. Ayant connu une petite traversée du désert et très peu de nominations entre 2016 et 2020 les 2 amis sont revenus fort depuis 2020 et leur travail sur la série The Watchmen (Emmy Awards). À leurs côtés, Jon Batiste éprouvait pour la première fois le bonheur de soulever un oscar, lui qui est principalement connu pour sa participation à la populaire émission The Late Show with Stephen Colbert et qui a planché avec des artistes très renommés tels Stevie Wonder, Prince, Willie Nelson, Lenny Kravitz, Ed Sheeran ou encore Mavis Staples. C’est ce Jon Batiste qui était donc au piano sur la BO du film d’animation et qui a signé l’ensemble des arrangements Jazz/Soul, tout comme il s’est entièrement chargé du discours d’acceptation qu’il a conclu d’un poing levé en son âme et conscience.

H.E.R.

Her Fight

Si Jon Batiste a suggéré par ce geste de la main le mouvement Black Lives Matter, la chanson primée hier soir, Fight For You, évoquait un mouvement plus radical, celui des Black Panthers dans les 60’s. Le titre au style Soul modernisé et interprété par H.E.R., accompagne le film Judas and the Black Messiah, un biopic consacré à l’activiste Fred Hampton assassiné en 1969, à 21 ans. La consécration de H.E.R., c’est celle d’une enfant prodige, précoce, pressée qui, à 23 ans seulement, bénéficie d’une solide expérience dans le milieu musical. Révélée en 2007 dans l’émission The Maury Show, et aguerrie à la scène durant son adolescence, elle finit par collectionner les premières parties de Chris Brown, Bryson Tiller, Childish Gambino, tout comme les critiques élogieuses dans de grands magazines tels NPR, Rolling Stones et Forbes et ce grâce au succès des 3 EP H.E.R. Volume 1 et 2 et H.E.R. Volume 2, The B Sides (2016-2017). La compilation de ces EP décroche dans la foulée un Grammy de l’album de l’année en 2018, avant cet autre Grammy reçu tout récemment pour le titre I Can’t Breathe en hommage à Georges Floyd, ces prestigieuses récompenses laissant à penser que l’obtention de cet oscar était une suite logique pour la petite protégée d’Alicia Keys qui a déclaré à la cérémonie : « Musiciens, réalisateurs, je crois que nous avons une opportunité et une responsabilité de dire la vérité et d’écrire l’Histoire de la manière dont elle a été, et comment elle nous lie au présent et à ce qui ce passe dans le monde aujourd’hui », avant de conclure : « Le savoir est un pouvoir, la musique est un pouvoir et tant que je serai debout, je me battrai toujours pour nous, je me battrai toujours pour ma communauté, je me battrai pour ce qui est juste, et je pense que c’est ce à quoi sert la musique et la narration ». Un discours inspiré par les paroles de Fight For You, elles-mêmes inspirées d’un mouvement ancien, pourtant il est triste de constater ô combien chaque phrase de cette chanson est d’actualité…

Didier Bianay

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