Première Écoute : La BO de Black Panther

(n°889)

Première Écoute

Dans cette catégorie des BO archi-recommandées nous allons faire un gros focus sur la bande-son de Black Panther, empreinte de la patte de Ludwig Göransson.

Traditionnelle,…

Il a beau être venu au monde dans la froideur nordique de la scandinavie, le compositeur suédois de 33 ans a bien saisi l’essence de la musique africaine. Non pas seulement de lui-même, puisque ce producteur résidant à Los Angeles a demandé conseil à l’illustre artiste sénégalais Baba Maal et a marché dans ses pas lors de ses tournées. De ses séjours en Afrique il avoué a okayplayer.com et pitchfork.com avoir appris les significations d’une diversité considérable de rythmes, la musique étant plus qu’un divertissement mais aussi un langage sur ce continent. On le sent dans la BO, ce profond travail sur le sujet, avec un incroyable troupeau de percussions typées dont le Tama se dégage non seulement par sa sonorité hypermodulante mais aussi par sa fonction ambassadrice dévolue à Black Panther. Le rythme est donc une grande composante de cette bande-son qui en fourmille pour dépeindre différents sentiments, de la brutalité des combats (Killmonger vs T’Challa, The Jabari Pt II), à la joie de la célébration (Wakanda, Waterfall Fight) en passant par l’ambition du défi (Killmonger’s Challenge). Il se fait discret via de modestes percus pour accompagner les moments calmes et est renforcé par les inévitables percus tribales et leur teinte cinématographique dans les scènes agitées. Outre les percussions on retrouve d’autres instruments authentiques et authentiquement joués par des artistes africains enregistrés au Sénégal, tel le marimba, le n’goni, le kora, le vuvuzela et on ne peut ignorer les solos vocaux de Baba Maal qui finissent par prouver la minutie de la démarche musicale de Göransson.

… moderne et épique

Cela n’a échappé à personne, ces beats Hip-Hop attribués au vécu urbain de Killmonger dans les rues d’Oakland ; à vrai dire sur le coup Göransson était plus dans sa zone de confort lui qui a produit quantité d’artistes Hip-Hop dont son ami Childish Gambino. On perçoit aussi régulièrement pour ce personnage une interprétation voix-tambin assez perturbée particulièrement discernable sur la piste (United Nations/End Crédits), un accouplement voix-instrument qui trouve un pendant moderne dans des sound design tranchants de chorus féminins guerriers. Le plus dur fut alors pour le suédois de mélanger l’improvisation de la musique africaine et la rigueur de la symphonie, tout comme veiller à ce que l’ambiance africanisée ne soit dénaturaliser par un imposant orchestre symphonique. Toutefois, évidemment, cette formation de 92 musiciens a eu l’avantage de donner une ampleur considérable à la partition d’un Göransson qui ne s’est pas loupé en déchaînant les cuivres dans les scènes d’action, jouant avec les couleurs des trombones, cors et trompettes intelligemment, ou encore en exacerbant l’émotivité des cordes.

Il y a donc énormément à apprécier sur cette longue BO de 95 minutes, un véritable gage de générosité et de qualité grâce à un gros effort de documentation et de réflexion de Ludwig Göransson qui lui a évité de singer la tradition musicale africaine et plutôt permis d’exposer ses richesses…

Didier Bianay

bianaydidier.com

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