Le choeur à l’ouvrage

(n°1187)

Coup De Coeur

John Powell

Aujourd’hui cap sur une composition qui a particulièrement retenu mon attention. Intitulée Train North elle est l’oeuvre du maestro John Powell qui a réussi son grand retour après Dragons 3.

Sa Majesté Dame Nature

Le choeur ne saute pas aux yeux même si quelques murmures sombres se font entendre d’entrée. Mais c’est sans doute ce que l’on retient le plus à la fin du morceau, ce long treck vocal de plus de 2 minutes emmené par une formation de 60 membres. De quoi surplomber l’orchestre comme sur une autre piste de la BO nommée Sometimes Nature’s Cruel And Gods Fight. Mais dans Train North le compositeur leur fait de la place pour dépeindre solennellement la majesté du paysage dans lequel le chien Buck évolue. En effet, leur interprétation ne saurait être forcée pour préserver cette noblesse, les timbres limpides des choristes féminines versant parfois même dans le sacré. Le compositeur avait notifié à variety.com qu’il avait glissé quelques phrases en inuit, c’est sans doute le cas de 1:39 à 2:13, mais comme j’ai pas fait inuit LV2… Ceci dit, sur une telle durée, un même groupe eut engendrée de la monotonie si Powell n’avait alterné entre interprètes masculins (2:21 à 2:49) et féminins (1:39 à 2:21 ; 2:52 à la fin) qui tour à tour occupent le premier plan quand l’autre partie apporte profondeur ou lumière. Ne reste alors que des os à ronger pour d’autres instruments comme les cordes qui appuient occasionnellement ce choeur, rajoutant du relief émotionnel à une partition chorale déjà assez modulante.

Appréhension et aventure

Comme dit plus haut on perçoit quelques murmures inquiétants au tout début, dont cette vocalise guttural lugubre (0:20 à 0:30), mais ce sont surtout les exhalations glaçantes et nerveuses des flûtes amérindiennes qui alertent, sur fond de synthé sombre. Les cordes enchaînent d’un arrangement mélodique très dissonant et guère plus rassurant (0:33 à 1:00), avant de gagner en vélocité lors de l’envolée lyrique et majestueuse du cor (1:01 à 1:29). À l’inverse les percussions mettent du rythme avant d’aboutir à des coups de boutoirs affirmés et intimidants (0:11 à 0:52). C’est dans cette « première partie » qu’est pressentie l’aventure, mais aussi une appréhension, l’intuition pour Buck que mille dangers l’attendent dans cette nature sauvage.

Avec son style majoritairement choral, Train North est une composition à part dans la BO de L’Appel De La Forêt où le choeur est assez minoritaire. Un moment de grâce et de beauté, comme une initiation à un monde, la magnifique vision d’ensemble avant un plongeon vers des détails plus problématiques…

Didier Bianay

bianaydidier.com

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