Hauschka, une question de préparation

(n°661)

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Hauschka (Volker Bertelmann)

Hauschka (Volker Bertelmann)

Aujourd’hui place à un artiste assez étonnant, Hauschka a.k.a Volker Bertelmann, un pianiste allemand au parcours improbable et aux méthodes de travail assez imprévisibles. Vous êtes prévenus…

Pour Volker Bertelmann tout commence à Kreuztal où il naît en 1966. Il grandit non loin de là à Ferndorf dans une famille nombreuse de 6 enfants et se prend d’amour pour le piano dès 9 ans, après avoir assisté à un concert reprenant les oeuvres d’un illustre pianiste d’un autre temps, Chopin. C’est là que le parcours de Bertelmann commence à partir dans toutes les directions ; car tout en étudiant le piano Classique pendant les 10 années suivantes, il s’essaiera au Rock, au Hip-Hop, aux études de médecine, d’économie d’entreprise avant de finalement revenir plus pleinement à la musique. Il finit par sortir son premier album solo en 2004, Substantial, et acquiert son identité musicale définitive en travaillant sur le suivant qui paraîtra l’année d’après, The Prepared Piano. Comme son nom l’indique, ce dernier est entièrement consacré au piano préparé, méthode d’expérimentation sonore dont Hauchska est depuis devenu un des plus grands spécialistes et qui consiste à insérer divers types objets dans les cordes d’un piano afin d’influencer et façonner ces sonorités. C’est dans cette optique artistique que l’allemand mène sa carrière depuis 11 ans ayant sorti entre-temps 12 albums en s’accompagnant d’orchestres et d’artistes tels Samuli Kosminen, Hilary Hahn, Joey Burns ainsi que John Convertino. Enfin, accessoirement Bertelmann pratique aussi la musique électronique avec pour pseudonyme Tonetraeger.

Alors on pourrait se dire que dans sa jeunesse Hauschka s’est fourvoyé en multipliant les expériences, mais en Musique de Film c’est plutôt une bonne chose car la discipline exige une grande polyvalence musicale, et Hauschka il l’a. C’est d’ailleurs pas un hasard si il enfile les programmes depuis 2007 et devient un compositeur de plus en plus suivi. L’identité multiple qu’il s’est forgé lui a d’ailleurs bien servi sur la BO du thriller The Boy (2015) où il s’en est servi pour multiplier les sonorités acoustiques notamment par des notes de piano trafiqué mais aussi par des touches de violons, de violoncelles, et toutes sortes d’objets qui lui sont tombés sous la main, le tout enrobé d’une couverture électronique glauque. Peu mélodique mais grouillant de sonorités intimidantes par leur imprévisibilité, la BO de The Boy fut un pari risqué et assez réussi, pourvu d’une vrai personnalité, sauvage, sombre, étrange et lugubre.

À elle seule cette bande-son montre ce que le malicieux Hauschka peut apporter à la musique d’un film et son extraordinaire ouverture d’esprit grâce à laquelle son travail nous montre mille chemins. Il reviendra prochainement sur un drame de Marius Markevicius Ashes In The Snow pour conclure une année 2016 où il n’avait jamais été autant sollicité, après Exodus Where I Come from Is Disappearing, Lion (avec Dustin O’Halloran), In Dubious Battle, Deutschland. Made by Germany et enfin le court métrage Riding Hood. Des projets très différents les uns des autres, mais depuis nombres d’années le parcours d’Hauschka est déjà prêt, paré à toutes éventualités.

Didier Bianay

bianaydidier.com

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