La raie sur images

(n°835)

Coup de Cœur

Jacob Shea

Jacob Shea

Pour une scène improbable par sa technicité Hans Zimmer, Jacob Shea et David Fleming ont produit un des morceaux les plus marquants du docu-série Blue Planet II, Mobula Rays. Analyse :

La mélodie du bonheur

La partition de Mobular Rays joue sur 2 tableaux, la forme et le fond. Précisons que sa splendide et planante mélodie est unique dans la BO et constitue le thème des raies ; elle passe aussi par plusieurs états depuis l’entame et la tendresse d’un cor anglais réverbéré, rapidement suivi des chœurs servant ici à emporter le téléspectateur. Tout d’abord aériens et féériques c’est en prenant plus de force que la formation vocale passe dans le domaine du lyrisme, lyrisme souligné et prolongé par les cordes, second groupe d’instruments le plus important de ce titre (1:29 – 2:04). L’utilisation du chœur est aussi volontairement déséquilibrée, ainsi, bien qu’il soit mixte ce sont surtout les voix féminines que l’on entend par souci de luminosité. Dans la même optique les cors s’enflamment dans le registre aigû, réputé pour leur donner un timbre résolument plus clair.

david fleming

David Fleming

De la magie au fond

Cette valse dispose non seulement de ses propres motifs, d’arrangements habiles, mais aussi d’un fond féérique constant. Pour cette scène de rencontre nocturne entre raies et planctons bioluminescents les 3 compositeurs ont poussé la magie plus loin, ajoutant délicatement des instruments propres à cet effet comme la harpe, le célesta, le wind chimes, le xylophone et la flûte qui occupent tour à tour l’arrière-plan de l’orchestration et dopent l’émerveillement. Une manière aussi de satisfaire les producteurs de ce documentaire très soucieux de montrer le monde sous-marins sous une optique spectaculaire, magistrale et enchanteresse. La discrétion des basses sert toute aussi la composition qui prend un aspect clair et aérien et dans son ensemble produit une sensation envoûtante à la vision de raies semblant… voler dans l’eau.

Très mélodieux sur des leïtmotifs exclusifs, Mobula Rays est à l’image du reste de la bande-son dont j’ai loué les mérites la semaine passée. Mais plus qu’une belle mélodie, c’est une efficace partition où tout a été fait dans les moindres détails pour magnifier une fantastique scène ayant fait grand bruit outre-Manche, et ça se sent à l’oreille. De quoi mettre l’eau à la bouche avant la diffusion du programme en France, but wait and listen.

Didier Bianay

bianaydidier.com

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